Le jugement

Invité

Il m'est venu des choses à l'esprit en jouant avec ma chienne dans l'herbe, entre deux bourrasques

J'avais en tête plusieurs images. Celle de ma mère, celle d'un collègue que je connais depuis peu, celles d'une collègue avec laquelle j'ai bossé trois ans en binôme, donc proche... Ce sont trois personnes qui ont en commun des jugements très arrêtés sur bien des choses.

J'ai laissé mes pensées tournoyer avec le vent, puis j'en ai attrapé une : Le risque !
Je considérais que :

Prendre des risques implique d'admettre :
Que plusieurs chemins sont envisageables.
Que les chemins envisageables ne sont pas seulement ceux qu'on connaît déjà.
Que pour connaître ces chemins envisageables, des peurs sont à dépasser.
Je parle des peurs qui viennent de nous-mêmes.

Pourquoi on juge les autres ?
Il est dit, répété, considéré comme admis qu'on juge les autres parce qu'on se juge soi-même et je n'ai rien contre cette idée.
Mais j'ajoute que le jugement est également le reflet de la peur. C'est un arrêt complet du mouvement à un endroit où on pourrait entrevoir plusieurs chemins.
Juger, c'est se priver de la possibilité d'étendre sa réflexion en y incluant des éléments qui nous sont méconnus. C'est se priver de la possibilité de découvrir et de comprendre.

Pourquoi je fais un parallèle entre la prise de risques et le jugement ?

Parce qu'il m'est venu tout à l'heure la pensée qu'arrêter un jugement, c'est refuser de prendre le risque de voir les choses différemment. C'est refuser d'ajouter des éléments à l'expérience qui crée le filtre à travers lequel on observe l'Univers.

Juger les autres, c'est oublier de se rencontrer soi-même.

Maintenant que j'ai attrapé ces pensées, il m'en reste d'autres à titiller et pour cela, je poursuis le récit des situations que je traverse.
Car j'ai ressenti hier une colère qui m'a collé aux fesses comme un chewing-gum à une semelle. Au point que je me suis adressée à mon esprit pour lui demander d'arrêter de ressasser, "OK, toi là-haut, j'ai compris qu'il y a quelque chose à travailler ! Tu peux arrêter de me faire ressasser les trucs que je rumine depuis environ 45 minutes stp ? Parce que vraiment, ça saoule...".
En effet, ça faisait quasiment une heure que je me plaignais intérieurement des personnes qui me font partager à tout bout de champ les jugements qu'elles émettent au sujet des autres et des situations. Après tout, zut, c'est vrai quoi, toutes ces réactions, je n'ai pas demandé à les entendre. "T'as vu, celle qui vient de quitter le bureau, ben elle dit que j'ai été méchant avec elle alors qu'à l'époque c'était elle qui m'avait mal parlé", "Machin a quitté Bidule, ben franchement elle est bien bête, elle retrouvera jamais un mec bien comme lui", "Untel s'est comporté comme ça avec sa mère, il est vraiment stupide".

Mais la vraie question est :
Pourquoi ces personnes se tournent-elles vers moi lorsqu'elle ont besoin de critiquer ? Pourquoi suis-je en colère, alors que je pourrais simplement faire comme si je n'avais rien entendu ?

Pourquoi je rumine, et dans le fond... pourquoi je les juge ?